La statue de Lautréamont
Au socle de cachets de quinine
En rase campagne
L'auteur des Poésies est couché à plat ventre
Et près de lui veille l'héloderme suspect
Son oreille gauche appliquée au sol est une boite vitrée
Occupée par un éclair l'artiste n'a pas oublié de faire figurer au-dessus de lui
Le ballon bleu ciel en forme de tête de Turc
Le cygne de Montevideo dont les ailes sont déployées et toujours prêtes à battre
Lorsqu'il s'agit d'attirer de l'horizon les autres cygnes
Ouvre sur le faux univers deux yeux de couleurs différentes
L'un de sulfate de fer sur la treille des cils l'autre de boue diamantée
Il voit le grand hexagone à entonnoir dans lequel se crisperont bientôt les machines
Que l'homme s'acharne à couvrir de pansements
Il ravive de sa bougie de radium les fonds du creuset humain
Le sexe de plumes le cerveau de papier huilé
Il préside aux cérémonies deux fois nocturnes qui ont pour
but soustraction faite du feu d'intervertir les coeurs de l'homme et de l'oiseau
J'ai accès près de lui en qualité de convulsionnaire
Les femmes ravissantes qui m'introduisent dans le wagon capitonné de roses
Où un hamac qu'elles ont pris soin de me faire de leurs chevelures m'est réservé
De toute éternité
Me recommandent avant de partir de ne pas prendre froid dans la lecture du journal
Il paraît que la statue près de laquelle le chiendent de mes terminaisons nerveuses
Arrive à destination est accordée chaque nuit comme un piano
"Le revolver à cheveux blancs" - 1932
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