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Le Testament 3/4

Photo du rédacteur: jjsibillajjsibilla

Dernière mise à jour : 14 août 2021



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FRANCOIS VILLON

POESIES

nrf

collection Poésie/Gallimard

( Editions Gallimard 1973;)

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CXXVII

Item, et j'ai su, ce voyage,

Que mes trois pauvres orphelins

Sont crûs et deviennent en âge,

Et n'ont pas têtes de belins,

Et qu'enfants d'ici à Salins

N'a mieux sachant leur tour d'école;

Or, par l'ordre des Mathelins,

Telle jeunesse n'est pas folle.


CXXVIII

Si veuil qu'ils voisent à l'étude;

Où ? sur maître Pierre Richer.

Le Donat est pour eux trop rude :

Je ne les y veuil empêcher.

Ils sauront, je l'aime plus cher,

Ave salus, tibi decus,

Sans plus grands lettres ensercher :

Toujours n'ont pas clercs l'audessus.


CXXIX

Ceci étudient, et ho !

Plus procéder je leur défends.

Quant d'entendre le grand Credo,

Trop forte elle est pour tels enfants.

Mon long tabart en long je fends;

Si veuil que la moitié s'en vende

Pour eux en acheter des flans,

Car jeunesse est un peu friande.


CXXX

Et veuil qu'ils soient informés

En moeurs, quoi que coûte bature;

Chaperons auront enformés

Et les pouces sur la ceinture,

Humbles à toute créature,

Disant : << Han ? Quoi ? Il n"en est rien ! >>

Si diront gens , par aventure :

<< Veci enfants de lieu de bien ! >>


CXXXI

Item,et à mes pauvres clergeons

Auxquels mes titres résignai;

Beaux enfants et droits comme joncs

Les voyant, m'en dessaisinai;

Cens recevoir leur assignai,

Sûr comme qui l'auroit en paume,

A un certain jour consigné

Sur l'hôtel de Gueuldry Guillaume.


CXXXII

Quoique jeunes et ébattant

Soient, en rien ne me déplaît :

Dedans trente ans ou quarante ans

Bien autres seront, se Dieu plaît.

Il fait mal qui ne leur complaît;

Ils sont très beaux enfants et gents;

Et qui les bat ne fiert, fol est,

Car enfants si deviennent gens.


CXXXIII

Les bourses des Dix [et] Huit Clercs

Auront; je m'y veuil travailler :

Pas ils ne dorment comme loirs

Qui trois mois sont sans réveiller.

Au fort, triste est le sommeiller

Qui fait aiser jeune en jeunesse,

Tant qu'en fin lui faille veiller

Quand reposer dû en vieillesse.


CXXXIV

Si en récris au collateur

Lettres semblables et pareilles :

Or prient pour leur bienfaiteur

Ou qu'on leur tire les oreilles.

Aucunes gens ont grands merveilles

Que tant m'encline vers ces deux;

Mais, foi que dois fêtes et veilles,

Onques ne vis les mères d'eux !


CXXXV

Item, donne à Michaut Cul d'Oue

Et à sire Charlot Taranne

Cent sous ( s'ils demandent : <<Pris où ? >>

Ne leur chaille : ils vendront de manne )

Et unes houses de basane,

Autant empeigne que semelle,

Pourvu qu'il salueront Jeanne,

Et autant une autre comme elle.


CXXXVI

Item, au seigneur de Grigny

Auquel jadis laissai Vicêtre,

Je donne la tour de Billy,

Pouvu, s'huis y a ne fenêtre

Qui soit ne debout ne en être,

Qu'il mette très bien tout à point.

Fasse argent à dêtre et senêtre :

Il m'en faut, et il n'en a point.


CXXXVII

Item, à Thibaud de la Garde....

Thibaud ? Je mens, il a nom Jean.

Que lui donrai-je, que ne perde ?

( Assez j'ai perdu tout cet an;

Dieu y veuille pourvoir, amen ! )

Le Barillet, par m'âme, voire !

Genevois est plus ancien

Et plus beau nez a pour y boire.


CXXXVIII

Item, je donne à Basanier

Notaire et greffier criminel,

De girofle plein un panier

Pris sur maître Jean de Ruel,

Tant à Mautaint, tant à Rosnel,

Et, avec ce don de girofle,

Servir de coeur que gent et isnel

Le seigneur qui sert saint Christofle,


CXXXIX

Auquel cette ballade donne

Pour sa dame qui tous bien a.

S'Amour ainsi tous ne guerdonne,

Je ne m'ébahis de cela,

Car au Pas conquêter l'alla

Que tint Reignier, roi de Secile,

Où si bien fit et peu parla

Qu'oncques Hector fit ne Troïle.



BALLADE

POUR ROBERT D'ESTOUTEVILLE


Au point du jour, que l'épervier sébat,

Mû de plaisir et par noble coutume,

Bruit la mauvis et de joie s'ébat,

Reçoit son pair et se joint à sa plume,

Offrir vous veuil, à ce Désir m'allume,

Ioyeusement ce qu'aux amants bon semble.

Sachez qu'Amour l'écrit en son volume,

Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.


Dame serez de mon coeur, sans débat,

Entièrement, jusque mort me consume,

Laurier souef qui pour mon droit combat,

Olivier franc m'ôtant toute amertume,

Raison ne veut que je désaccoutume,

( Et en ce veuil avec elle m'assemble ),

De vous servir, mais que m'y accoutume;

Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.


Et qui plus est, quand deuil sur moi s'embat,

Par Fortune qui souvent si se fume,

Votre doux oeil sa malice rabat,

Ne mais ne mains que le vent fait la fume.

Si ne perds pas la graine que je sume

En votre champ quand le fruit me ressemble.

Dieu m'ordonne que le fouïsse et fume;

Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.


Princesse, oyez ce que ci résume :

Que le mien coeur du vôtre désassemble

Ja ne sera; tant de vous en présume;

Et c'est la fin pour quoi sommes ensemble.



CXL

Item, à sire Jean Perdier

Rien, n'à François, son second frère.

Si m'ont voulu toujours aidier

Et de leurs biens faire confrère;

Combien que François mon compère

Langues cuisants, flambants et rouges,

Mi-commandement, mi-prière,

Me recommanda fort à Bourges.


CXLI

Si allai voir en Taillevent,

Ou chapitre de fricassure,

Tout au long, derrière et devant,

Lequel n'en parle jus ne sure.

Mais Macquaire, je vous assure,

A tout le poil cuisant un diable,

Afin qu'il sentît bon l'arsure,

Ce recipe m'écrit, sans fable.



BALLADE


En riagal, en arsenic rocher,

En orpiment, en salpêtre et chaux vive,

En plomb bouillant pour mieux les émorcher,

En suif et poix détrempés de lessive

Faite d'étrons et de pissat de juive,

En lavailles de jambes à meseaux,

En raclure de pieds et vieux houseaux,

En sang d'aspic et drogues venimeuses,

En fiel de loups, de renards et blaireaux,

Soient frites ces langues ennuyeuses !


En cervelle de chat qui hait pêcher,

Noir et si vieil qu'il n'ait dent en gencive,

D'un vieil mâtin qui vaut bien aussi cher,

Tout enragé, en sa bave et salive,

En l'écume d'une mule poussive

Détranchée menue à bon ciseaux,

En eau où rats plongent groins et museau

Raine, crapauds et bêtes dangereuses,

Serpents, lézards et tels nobles oiseaux,

Soient frites ces langues ennuyeuses !


En sublimé dangereux à toucher,

Et ou nombril d'une couleuvre vive,

En sang qu'on voit ès palettes sécher

Sur les barbiers quand lune arrive,

Dont l'un est noir, l'autre plus vert que cive,

En chancre et fic, et en ces claires eaues

Où nourrices essangent leurs drapeaux,

En petits bains de filles amoureuses

( Qui ne m'entend n'a suivi les bordeaux )

Soient frites ces langues ennuyeuses !


Prince, passez tous ces friands morceaux,

S'étamine, sac n'avez ou bluteaux,

Parmi le fond d'unes braies breneuses;

Mais, par avant, en étrons de pourceaux

Soient frites ces langues ennuyeuses !



CXLII

Item, à maître Andry Gouraud

Les Contredits Franc Gontier mande;

Quant du tyran séant en haut,

A celui-là rien ne demande.

Le Saige ne veut que contende

Contre puissant pauvre homme las,

Afin que ses filés ne tende

Et qu'il ne trébuche en ses lacs.


CXLIII

Gontier ne crains : il n'a nuls hommes

Et mieux que moi n'est hérité,

Mais en ce débat-ci nous sommes,

Car il loue sa pauvreté,

Être pauvre hiver et été,

Et a félicité répute

Ce que tiens à malheureté.

Lequel a tord ? Or en dispute.




LES CONTREDITS DE FRANC GONTIER

ballade


Sur mol duvet assis, un gras chanoine,

Lez un brasier, en chambre bien nattée,

A son côté gisant dame Sidoine

Blanche, tendre, polie et attintée,

Boire hypocras, à jour et à nuitée,

Rire, jouer, mignonner et baiser,

Et nu à nu, pour mieux des corps s'aiser,

Les vis tous deux, par un trou de mortaise :

Lors je connus que, pour deuil apaiser,

Il n'est trésor que de vivre à son aise.


Se Franc Gontier et sa compagne Hélène

Eussent cette douce vie hantée,

D'oignons, civots, qui causent forte haleine

N'acontassent une bise tostée.

Tout leur maton, ne toute leur potée,

Ne prise un ail, je le dis sans noiser.

S'ils se vantent coucher sous le rosier,

Lequel vaut mieux ? Lit côtoyé de chaise ?

Qu'en dites-vous ? Faut-il à ce muser ?

Il n'est trésor que de vivre à son aise.


De gros pain bis vivent d'orge et d'avoine,

Et boivent eaue tout au long de l'année.

Tous les oiseaux d'ici en Babyloine

A tel école une seule journée

Ne me tendroient, non une matunée.

Or d'ébatte, de par Dieu, France Gontier,

Hélène o lui, sous le bel églantier :

Se bien leur est, cause n'ai qu'il me pèse;

Mais quoi qu'il soit du laboureur métier,

Il n'est trésor que de vivre à son aise.


Prince, juge, pour tôt nous accorder.

Quant est de moi, mais qu'à nul ne déplaise,

Petit enfant, j'ai oï recorder :

Il n'est trésor que de vivre à son aise.



CXLIV

Item, pour ce que sait sa Bible

Ma damoiselle de Bruyères,

Donne prêcher hors l'Evangile

A elle et à ses bachelières,

Pour retraire ces villotières

Qui ont le bec si affilé,

Mais que ce soit hors cimetières,

Trop bien au marché au filé.



BALLADE DES FEMMES DE PARIS


Quoiqu'on tient belles langagères

Florentines, Vénitiennes,

Assez pour être messagères,

Et mêmement les anciennes;

Mais soient Lombardes, Romaines,

Genevoises, à mes périls,

Pimontoises, Savoisiennes,

Il n'est bon bec que de Paris.


De beau parler tiennent chaïères,

Ce dit-on, les Napolitaines,

Et sont très bonnes caquetières

Allemandes et Prussiennes;

Soient Grecques, Egyptiennes,

De Hongrie ou d'autres pays,

Espagnoles ou Catelennes,

Il n'est bon bec que de Paris.


Brettes, Suisses n'y savent guères,

Gasconnes, n'aussi Toulousaines :

De Petit Pont deux harengères

Les concluront, et les Lorraines,

Angloises et Calaisiennes,

( Ai-je beaucoup de lieux compris ? )

Picardes de Valencienne;

Il n'est bon bec que de Paris.


Prince, aux dames Parisiennes

De bien parler donnez le prix;

Quoi que l'on die d'Italiennes,

Il n'est bon bec que de Paris.



CXLV

Regarde m'en deux, trois, assises

Sur le bas du plis de leurs robes,

En ces moutiers, en ces églises;

Tire-toi près, et ne te hobes;

Tu trouveras là que Macrobes

Oncques ne fit tels jugements.

Entends; quelque chose en dérobes :

Ce sont de beaux enseignements.


CXLVI

Item, et au mont de Montmartre,

Qui est un lieu mout ancïen,

Je lui donne et adjoints le tertre

Qu'on dit de mont Valérien;

Et, outre, plus d'un quartier d'an

Du pardon qu'apportai de Rome :

Si ira maint bon chrétien

En l'abbaye où il n'entre homme.


CXLVII

Item, valets et chamberières

De bons hôtels ( rien ne me nuit )

Faisant tartes, flans, et goyères,

Et grands rallias à minuit :

( Rien n'y font sept pintes ne huit ),

Tant que gisent seigneurs et dame,

Puis après, sans mener grand bruit,

Je leur ramentois le jeu d'âne.


CXLVIII

Item, et à filles de bien,

Qui ont pères, mères et antes,

Par m'âme ! je ne donne rien,

Car tout ont eu valets, servantes.

Si fussent-ils de peu contentes :

Grand bien leur fissent maints lopins,

Aux pauvres filles, entrementes

Qu'ils se perdent aux Jacopins,


CXLIX

Aux Célestins et aux Chartreux;

Quoique vie mènent étroite,

Si ont-ils largement entre eux

Dont pauvres filles ont soufraite;

Témoin Jacqueline et Perrette

Et Isabeau qui dit : << Enné ! >>,

Puisqu'il en ont telle disette,

A peine seroit-on damné.


CL

Item, à la grosse Margot

Très douce face et pourtraiture,

Foi que dois brulare bigot,

Assez dévote créature;

Je l'aime de propre nature,

Et elle moi, la douce sade.

Qui la trouvera d'aventure,

Qu'on lui lise cette ballade.



BALLADE

DE LA GROSSE MARGOT


Se j'aime et sers la belle de bon hait,

M'en devez-vous tenir ne vil ne sot ?

Elle a en soi des biens à fin souhait.

Pour son amour ceins bouclier et passot;

Quand viennent gens, je cours et happe un pot,

Au vin m'en vois, sans démener grand bruit;

Je leur tends eau, fromage, pain et fruit.

S'ils payent bien, je leur dis que << bien stat ;

Retournez ci, quand vous serez en ruit,

En se bordeau où tenons notre état. >>


Mais adoncques il y a grand déhait

Quand sans argent s'en vient coucher Margot;

Voir ne la puis, mon coeur à mort la hait.

Sa robe prends, demi-ceint et surcot,

Si lui jure qu'il tendra pour l'écot.

Par les côtés se prend cet Antéchrist,

Crie et jure par la mort de Jésus-Christ

Que non fera. Lors empoigne un éclat;

Dessus son nez lui en fais un écrit,

En se bordeau où tenons notre état.


Puis paix se fait et me fait un gros pet,

Plus enflé qu'un velimeux escarbot.

Riant, m'assied son poing sur mon sommet,

<< Go! go! >> me dit, et me fiert le jambot.

Tous deux ivres, dormons comme un sabot.

Et au réveil, quand le ventre lui bruit,

Monte sur moi que ne gâte son fruit.

Sous elle geins, plus qu'un ais me fais plat,

De paillarder tout elle détruit,

En se bordeau où tenons notre état.


Vente, grêle, gèle, j'ai mon pain cuit.

Ie suis paillard, la paillarde me suit.

Lequel vaut mieux ? Chacun bien s'entresuit.

L'un l'autre vaut; c'est à mau rat mau chat.

Ordure aimons, ordure nous assuit;

Nous défuyons honneur, il nous défuit,

En se bordeau où tenons notre état.



CLI

Item, à Marion l'Idole

Et la grand Jeanne de Bretaigne

Donne tenir publique école

Où l'écolier le maître enseigne,

Lieu n'est où ce grand marché se tiengne

Sinon à la grille de Meun;

De quoi je dis : << Fi de l'enseigne,

Puisque l'ouvrage est si commun ! >>


CLII

Item, et à Noel Jolis

Autre chose je ne lui donne

Fors plein poing d'osier frais cueilli

En mon jardin; je l'abandonne.

Châtoy est une belle aumône,

Ame n'en doit être marri :

Onze-vingts coups lui en ordonne,

Livrés par la main de Henri.


CLIII

Item, ne sais qu'à l'Hôtel Dieu

Donner, n'à pauvres hôpitaux;

Bourdes n'ont ici temps ne lieu,

Car pauvres gens ont assez maux :

Chacun leur envoie leurs os.

Les Mendiants on eu mon oie;

Au fort, et ils auront les aulx;

A menue gent, menue monnois.


CLIV

Item, je donne à mon barbier

Qui se nomme Colin Galerne,

Près voisin d'Angelot l'herbier,

Un gros glaçon ( pris où ? en Marne ),

Afin qu'à aise s'hiverne.

De l'estomac le tienne près :

Se l'hiver ainsi se gouverne,

Il aura chaud l'été d'après.


CLV

Item, rien aux Enfants trouvés;

Mais les perdus faut je console.

Si doivent être retrouvés,

Par droit sur Marion l'Idole.

Une leçon de mon école

Leur lairai, qui ne dure guère.

Tête n'aient dure ne folle;

Ecoute, et vecy la dernière.



BELLE LECON

AUX ENFANTS PERDUS


CLVI

<< Beaux enfants, vous perdrez la plus

Belle rose de vo chapeau;

Mes clercs près prenant comme glus,

Se vous allez à Montpipeau

Ou à Ruel, gardez la peau :

Car, pour s'ébattre en ces deux lieux,

Cuidant que vousît le rappeau,

Le perdit Colin de Cayeux.


CLVII

<< Ce n'est pas un jeu de trois mailles,

Où va corps, et peut-être l'âme.

Qui perd, rien n'y sont repentailles

Qu'on n'en meure à honte et diffame;

Et qui gagne n'a pas à femme

Dido, la reine de Carthage.

L'homme est donc bien fol et infâme

Qui, pour si peu, couche tel gages.


CLVIII

<< Qu'un chacun encore m'écoute !

On dit, et il est vérité,

Que charterie se boit toute,

Au feu l'hiver, au bois l"été.

S'argent avez, il est enté,

Mais le dépendez tôt et vite.

Qui en voyez-vous hérité ?

Jamais mal acquît ne profite.



BALLADE DE BONNE DOCTRINE

A CEUX DE MAUVAISE VIE


<< Car ou soies porteur de bulles,

Pipeur ou hasardeur de dés,

Tailleur de faux coins et te brûles

Comme ceux qui sont échaudés,

Traîtres parjurs, de foi vidés;

Soies larron, ravis ou pilles :

Où en va l'acquêt, que cuidez ?

Tout aux tavernes et aux filles.


<< Rime, raille, cymbale, luthes,

Comme fol feintif, éhonté;

Farce, brouille, joue des flûtes;

Fais, ès villes et ès cités,

Farces, jeux et moralités,

Gagne au berlan, au glic, aux quilles,

Aussi bien va, or écoutez !

Tout aux tavernes et aux filles.


<< De tels ordures te recules,

Laboure, fauche champs et prés,

Sers et panse chevaux et mules,

S'aucunnement tu n'es lettrés;

Assez auras, se prends en grés.

Mais, se chanvre broyes ou tilles,

Ne tends ton labour qu'as ouvrés

Tout aux tavernes et aux filles.


<< Chausses, pourpoints aiguilletés,

Robes, et toutes vos drapilles,

Ains que vous fassiez pis, portez

Tout aux tavernes et aux filles.




CLIX

<< A vous je parle, compains de galle,

Qui êtes de tous bons accords.

Gardez-vous tous de ce mau hâle

Qui noircit les gens quand son mort;

Eschevez-le, c'est un mal mors;

Passez-vous au mieux que vous pourrez;

Et pour Dieu, soyez tous records :

Une fois viendra que mourrez. >>


CLX

Item, je donne aux Quinze-Vingts

( Qu'autant vaudroit nommer Trois Cents )

De Paris, non pas de Provins,

Car à ceux tenu je me sens.

Ils auront, et je m'y consens,

Sans les étuis, mes grands lunettes,

Pour mettre à part, aux Innocents,

Les gens de bien des déshonnêtes.






























































CLXXVIII

Item, je veux qu'on sonne à branle

Le gros beffroi qui est de verre,

Combien qu'il n'est coeur qui ne tremble,

Quand de sonner est à son erre.

Sauvé a mainte belle terre,

Le temps passé, chacun le sait :

Fussent gens d'armes ou tonnerre


CLXXIX

Les sonneurs auront quatre miches,

Et c'est peu, demi-douzaine;

Autant n'en donnent les plus riches,

Mais ils seront de saint Etienne.



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