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REPONSE AUX FLAIREURS DE BIDET

Dernière mise à jour : 10 juil. 2023


Recueil : "La Grande Gaîté" - 1929 (Edition Gallimard)


Je me souviendrai longtemps

D'une voix qui disait

Aimez-vous les profiteroles


Echo du monde les paroles


Dans la petite ville où je suis

Depuis deux jours il n'est question que d'un suicide

Un comptable autant dire un chansonnier

La belle carrière qu'il aurait eue à Paris

S'il l'avait voulu

Mais voilà

J'ai entendu dire à plusieurs reprises

Qu'Un Tel n'avait pas de chance

Ou qu'il s'y était mal pris

Bizarre son des c'est dommage

Quoi qu'il m'arrive

On appréciera diversement les écarts de ma dastinée


Cet univers de crocodiles

A des expressions très réussies

Pour qualifier tout ce qui touche à la déroute

Mais où il devient excellent

C'est quand les peines de coeur pleuvent

Sur l'un des plateaux de la balance

Et font la tare d'un indiscernable égarement

Réflexions impayables Hochements de tête

Rien n'y manque


Les Messieurs avec l'attirail

De la bonne réputation

Une femme une bague en or un pardessus

Sur la tête une chose ronde et noire

Un morveux placé à leur talon

Comme la molette des officiers de la cavalerie

Ont le droit au trottoir payé


Avec le fruit légitime des impôts de la commune

Les portes claquent les rideaux tombent

La rue est vide et propre le ciel noir

Ou bleu peu importe les fleurs sont dans les pots

C'est l'essentiel

Dans l'ordre il est dans l'ordre

Que les morts et les vivants se croisent sur les chaussées

Les premiers sur des chars les seconds sur leurs pieds


Jusqu'ici out va bien

Cette redingote ne

Fait pas un pli

Dans les familles

On parle quelquefois à l'heure

Où les enfants devraient être couchés

De certaines mauvaises femmes

Sur lesquelles on ne s'explique pas

D'un cousin qui nous en a fait voir de drôles

Enfin c'est un mauvais sujet on change

De conversation


Qu'est-ce qu'elles ont mais qu'est-ce

Qu'elles ont ces femmes

De plus que nous dit la mère

Et son regard enveloppe la maison


Sur les pavés comme des mouches

Certains jours d'hiver ou d'été

Des hommes irréprochables

Tombent seraient-ils saouls mais non

Morts ou condamnés d'avance

A la chaise à perpétuité

Quel ennui pour leurs proches


Je suis dit Monsieur Briand l'autre année

A la Tribune de la Chambre

Un homme qui a

Eu sa jeunesse

Encore on peut imaginer que cet homme politique

Périra sans scandale et sera l'objet

D'un enterrement de première classe

Où ne seront évoqués que ses succès d'orateur

Et les services rendus à la Chose Publique

Cependant le gosse obligatoire

Celui qui faisait bien sur les pas du papa

Ce petit suintement de pipi hors des langes


Ce chialement qui fait dire aux voisins à tour de rôle

Merde et le gentil enfant

Cette chiure ambulante qu'on fagote afin

De l'exhiber aux relations le dimanche

A pris doucement forme humaine et malhabile

Commence l'oeil vague à se branler

La tête pleine d'images interdites de lueurs

Sinaï qui montre dans la plaie des nuages

Une divinité singulière étrangement ressemblante

A une carte postale où l'on voyait

Entre les jambes de soie d'une fille nue

Malgré les mains jointes par fausse pudeur

Un peu de poil sombre au bas mystérieux du ventre


Je pense au magnésium du photographe

Spécialisé dans les académies

Ô sperme éclair


Dandinement des seins les gorges

Changent chantent sous les baisers

Collines caressées d'aurore

Fauves bécanes du plaisir

Or les mamelles les mamelles bondissantes

Président aux métamorphoses du mobilier

Dans la chambre où les yeux phosphore

Se sont séparés du visage

Aimé

Pour tourner autour de la femme de la femme qui sent

Ah sanglots mordus par la bouche

Ruisselante encore de foutre

Voilà qui n'était pas prévu

Au programme

Et pourtant rien sinon cette

Convulsion

Désormais ne comptera dans l'immense chaos

Plus pour ce cadavre ensorcelé qui n'a

Vait jamais demandé cette vie à personne


Je me souviens du lit maternel Tous les jours

Des domestiques l'époussetaient sans songer à la plaisanterie

Et ne voyaient pas malice à regarder l'enfant

Après l'alcôve


Je chante le plaisir stérile et ses mille façons

Celui qui trouve sa route à travers une chevelure

Celui qui comme un cheval

Saute par-dessus la haie des doigts

Celui qui meurt comme une mer sur le ventre

Celui qui s'égare n'importe où

Et celui comme un vin que l'on boit par secousses

Je chante le plaisir stérile

Soixante-neuf le beau scorpion marie

Les visages hagards aux sexe sans mesure

L'homme assiste au plaisir féminin qui obscurcit ses

regards tandis

Que le vertigineuse face que s'engouffre attire

L'homme très loin du con devenu ciel par un nouveau

langage

Qui n'a qu'un mot pour tout dire

Et pour tout exténuer


Regarde maintenant jeune homme

Le couple qui se désagrège

Le miroir est gris de buée

Ce sont les baisers qui obscurcissent l'univers

Une suave odeur séminale a couvert les deux corps

D'un drap plus lourd que les fleurs de magnolia

Elles-mêmes en tout semblables

Au cul lassé de ta maîtresse

Ne bougez plus vous deux que tout endort à présent

Vous suivez une idée étrange qui succède à la décharge

Comme la nuit étrangement succède au jour


*

Je chante ce qui s'enfuit avec le foutre et le désir

Je chante l'inappréciable de cette furie

Ce qui dépasse le but et ce qui ne l'atteint pas

Ce qui défie encore la psychologie moderne

L'incontrôlable

La perte où rien ne permet de dire

Ce qui est vraiment perdu Je chante

L'amour le seul amour sans calcul l'amour

Pur

Que ne récolte pas ce qu'il se refuse à semer


Je chante l"amour qui sait ce que c'est que d'aimer


















































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