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Photo du rédacteurjjsibilla

Vie d'ébène

Les ténèbres (1927 )


Un calme effrayant marquera ce jour

Et l'ombre des réverbères et des avertisseurs d'incendie

fatiguera la lumière

Tout se taira les plus silencieux et les plus bavards

Enfin mourront les nourrissons braillards

Les remorqueurs les locomotives le vent

Glisser en silence

On entendra la grande voix qui venant de loin passera

sur la ville

On l'attendra longtemps

Puis vers le soleil de milord

Quand la poussière les pierres et l'absence de larmes

composent sur les grandes places désertes la robe

du soleil

Enfin on entendra venir la voix

Elle grondera longtemps aux portes

Elle passera sur la ville arrachant les drapeaux et brisant

les vitres

On l'entendra

Quel silence avant elle mais plus grand encore le silence

qu'elle ne troublera pas mais qu'elle accusera du délit

de mort prochaine qu'elle flétrira qu'elle dénoncera

O jour de malheurs et de joies

Le jour le jour prochain où la voix passera sur la ville

Une mouette fantomatique m'a dit qu'elle m'aimait

autant que je l'aime

Que ce grand silence terrible était mon amour

Que le vent qui portait la voix était la grande révolte

du monde

Et que la voix me serait favorable.



"Corps et biens"



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